Avant-première du film ‘’Dahomey’’ de Mati Diop : La grosse flamme d’engagement de la jeunesse autour des arts (Le clou du film, le débat entre jeunes étudiants…)

L’avant-première du long métrage intitulé ‘’Dahomey’’ est projeté à Canal Olympia jeudi 30 mai 2024. Réalisé par la Franco sénégalaise Mati Diop, ce film retrace le convoyage des trésors royaux de la France vers le Bénin. Cette projection est suivie, le lendemain, d’une conférence de presse où la réalisatrice a eu l’opportunité d’éclairer la lanterne des hommes de média.

Le film montre tout sur comment les 26 vestiges pillés au Bénin, Dahomey d’alors, sont acheminé vers Cotonou. Il s’agit en vrai d’une cinématographie témoin du temps. Puisque de Quai Branly à Cotonou, le film rend les cinéphiles témoins de la manière dont les 26 trésors royaux sont sortis du Musée pour prendre le chemin de leur terre d’origine, le Bénin. A travers la trame, on peut observer que c’est avec beaucoup de délicatesse et soin, que les différents objets convoyés vers le Bénin, ont été dévissés et mis en caisse pour leur prochaine destination. Et tous les moyens sont mis à disposition pour préserver la fragilité et l’esthétique qui entourent. Une fois les objets à Cotonou, la réalisatrice a eu l’ingénieuse idée de faire revivre l’ambiance de la liesse populaire qu’il y avait eue au moment où les pièces devraient retrouver l’intérieur de la présidence où ils seront installés pour la visite des amoureux de l’art visuel.

 Le mérite…

Ce film a le mérite de permettre au cinéphile de prendre part à l’embarquement des trésors depuis la France jusqu’à Cotonou, même s’il n’est pas en terre française. Puisque jusque là c’est seulement l’étape de Cotonou qui est connue de tous les Béninois vivant sur le territoire dans l’acheminement des œuvres. Du moins aucun béninois n’a été témoin de comment tous les vestiges ont été embarqués de la France pour le Bénin. En regardant ce film un de ces quatre, la postérité, même si elle avait déjà une idée de la manière dont ces objets sont rapatriés, elle pourra tout de même se refaire sa propre idée de la réalité puisque le film retrace cela avec beaucoup de soin.

Et puis dans le débat engagé entre les étudiants de l’institut des métiers d’arts, d’archéologie et de la culture ‘’Inmaac’’ de l’université d’Abomey-Calavi, toute personne qui suit ce film plus tard, se rendra forcément compte de qui a impulsé la dynamique du retour des vestiges, quel a été le processus et de quoi retourne ce rapatriement en termes de bienfondé pour la consolidation et l’éclosion de la culture du Bénin. Et la voix off vient aussi rendre compte du poids psychologique et de l’expression de la force intérieure des souverains du Dahomey qui ont exploité à l’époque ces vestiges vidés de leur sacralité.

 Le couac … 

Cependant, nous parlons des objets volés et pillés par les envahisseurs. Mais la réalisatrice et son équipe ont eu la maladresse d’ouvrir l’intrigue sur un tapis blanc sur lequel est disposé des tours Effel lumineuses en miniature. Même si on observe que c’est filmé en plongeon et que cela pourrait être interprété comme une manière de réduire et de courber la France dans cette histoire, il ne demeure pas moins que la tour Effel reste un symbole du soft power du même pays qui a contribué au pillage massif sans précédent. Conséquence, cette mise en exergue, qui est un peu de trop, n’aurait même pas sa place dans le film. Tout dans le film devrait célébrer le Bénin, ancien Dahomey. Puisque c’est une victoire des ancêtres du Dahomey dont le film porte si bien le nom.

A ce film manque aussi les images nécessaires. Un raccord sur les palais royaux d’Abomey actuellement en pleine rénovation, ne serait-ce qu’en figuratif, ne ferait aucun mal à l’intrigue. Après tout le projet esthétique d’un film dépend de son équipe de réalisation et c’est souvent un choix mais n’occulte pas à la direction artistique le pouvoir d’ajouter des ingrédients pouvant permettre au commun des cinéphile de sentir l’origine de l’histoire. Les quelques rares fois où il a de sonorité dans ce film le cinéphile doit écouter du Zinli ou tout au moins le kpézin, le tambour symbolique du Dahomey. Puisqu’un film est appelé à mettre en relief une destination et ses patrimoines.   Et celle concernée ici c’est bien le Bénin ancien Dahomey.

Teddy GANDIGBE 

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Source : Matin Libre

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